Pourquoi les Amérindiens ont-ils été décimés peu après l'arrivée des Européens? Criblés de balles? Massacrés? Egorgés? S'il ne faut pas sous-estimer la cruauté des conquistadores et autres colons divers, la cause principale de ce génocide réside dans la transmission de maladies infectieuses contre lesquelles le système immunitaire de ces populations n'était guère préparé.
Les membres d'une communauté humaine tendent à développer des défenses immunitaires adaptées aux agents infectieux qui circulent au sein de celle-ci. Si un groupe est resté isolé pendant de nombreuses générations, le contact avec les membres d'autres communautés, porteurs de virus ou de bactéries inconnues, peut donc se révéler dangereux. Que l'on cherche à éviter ce contact, voire à isoler ces individus ne serait pas totalement irrationnel. En l'occurrence, du point de vue des Apaches et des Navajos, éviter tout contact, même indirect, avec les Européens était une question de survie.
Dans les sociétés modernes, les communautés sont naturellement beaucoup plus larges et moins isolées. Néanmoins, de tout temps, les "étrangers" ont été perçus comme des vecteurs de maladies, que ce soit à travers des complots délibérés (les Juifs empoisonnant les puits au Moyen-Age), leur "saleté", leur nourriture ou, plus récemment, les "microbes" qu'ils véhiculeraient. Xénophobie et peur des agents pathogènes sont indissociablement liés dans l'histoire des sociétés humaines. Les immigrés pénétrant à Ellis Island, aux abords de New York, au début du siècle étaient "désinfectés" et examinés médicalement avant de s'assurer qu'ils n'importaient guère d'agents infectieux aux Etats-Unis. Si on peut voir là une mesure de santé publique, ces pratiques sont également ancrées dans dans attitudes xénophobes selon lesquelles les étrangers sont potentiellement vecteurs de maladies. Lors de l'épidémie de peste à San Francisco en 1900, nous raconte Howard Markel, Chinatown fut placé en quarantaine...mais les blancs pouvaient entrer et sortir sans problème: la peste étant attribuée au caractère "sournois" des Chinois.
Une telle attitude est-elle encore présente aujourd'hui? Les récits de personnes d'origine asiatique vivant en Europe ou aux Etats-Unis corroborent une résurgence de ce type de réactions en réponse au coronavirus. Ainsi, Li Xiang, un résident chinois résident à Munich (et arrivé en octobre, bien avant le début de l'épidémie, depuis l'Espagne de surcroit) fait part d'un courrier de l'épouse de son propriétaire l'enjoignant de quitter son appartement de peur : son mari craignait d'être contaminé. Si on ne peut nier l'existence de ce type de réactions, il est permis de se demander si, aujourd'hui encore, la xénophobie est un véritable produit de la peur des agents pathogènes. On ne peut pas se contenter de quelques anecdotes de ce type pour répondre à cette question.
Dans des recherches menées auprès d'étudiants canadiens, Faulkner et ses collègues ont utilisé des questionnaires pour évaluer leur tendance à se percevoir comme vulnérables à des maladies. Ils ont ensuite évalué les attitudes de ces mêmes personnes vis-à-vis de l'arrivée au Canada d'immigrés provenant de différentes régions du monde. Les auteurs constatent que les répondants se sentant les plus vulnérables sont aussi ceux qui se montrent les moins favorables à l'arrivée d'immigrés provenant de contrées lointaines (Afrique de l'Est). Ceci ne s'observe pas pour des immigrés provenant de régions plus proches culturellement (et donc moins susceptibles d'être "pathogènes" dans l'imaginaire des sujets), comme l'Europe de l'Est. Dans une étude ultérieure, ces mêmes auteurs ont recouru à un étude randomisée : ils montraient soit des images liées à des maladies (des photos de bactéries par exemple), soit des photos liées à des accidents (de voiture ou domestiques par exemple). Dans un second temps (une étude présentée comme distincte), on leur demandait d'exprimer leur attitude quant à l'immigration en provenance d'Ecosse d'une part et du Nigéria d'autre part. Comme on le voit ci-dessous, dans la condition "accidents", les répondants étaient aussi favorables aux deux types d'immigration alors que dans la condition "maladies", ils se montraient plus favorables à une immigration écossaise que nigériane.
Bref, il semble bien que nous penser vulnérables à des maladies infectieuses nous rend plus xénophobes. Les auteurs de cet article y voient un mécanisme ancré dans l'Histoire de l'espèce humaine : au cours de l'évolution, nous aurions "appris" à nous méfier des étrangers car ceux qui les accueillaient sans discernement auraient été plus susceptibles de périr sous le joug des microbes véhiculés par leurs hôtes. La xénophobie comme adaptation ancestrale transmise héréditairement? Peut-être... Je ne vais pas me lancer dans une critique de la psychologie évolutionniste...mais il est également possible que cette méfiance à l'égard des étrangers ait des origines dans notre éducation ou dans notre environnement social sans devoir invoquer de fondements biologiques : à force d'être, par exemple, confrontés à des images d'Africains de l'Est vivant dans des conditions sanitaires déplorables (comme celles d'enfants éthiopiens affamés et entourés de mouches, qui ont marqué la génération des années 1980), n'est-on pas susceptible d'en venir à associer -inconsciemment ou non- ce groupe à une mauvaise hygiène? Nous pouvons aussi être abreuvés de discours présentant les étrangers comme "odorants ou "sales" (souvenez-vous du discours de Jacques Chirac sur "le bruit et l'odeur des immigrés"), voire sous les traits d'animaux - potentiels vecteurs de maladies (même s'ils ne s'agit pas d'étrangers au sens juridique du terme, ce fut le cas des juifs orthodoxes représentés sous la forme d'insectes lors du récent scandaleux carnaval d'Alost, poursuivant par là à une longue tradition antisémite). De même, les prêcheurs de haine ne se privent pas d'allusions aux dangers d'épidémie causés par l'immigration. Par exemple, Jean-Marie Le Pen a proposé une analogie entre l'immigration et le virus Ebola.
Le psychologue Paul Rozin a suggéré que le rapport à la maladie, à l'infection, s'inscrit parfois dans un mode de pensée magique, pré-rationnel auquel, pour "civilisés" que nous nous croyons être, nous n'échappons pas : parmi les principes relevant de cette "pensée magique", celui de "contagion" selon lequel les propriétés d'une substance ou d'un objet peuvent se propager à une autre par simple contact. Cette idée est illustrée par une expérience menée avec des étudiants. Face à ceux-ci, l'expérimentateur plongeait une effigie de mouche en plastique stérilisée (et explicitement présentée comme telle) dans une bouteille d'eau minérale. Une grande partie des étudiants étaient rebutés à l'idée de consommer cette eau. L'idée que la "saleté" de la mouche (qui est ici purement symbolique) se propage dans leur corps par "contagion" expliquerait cette réaction. Autre exemple: les sujets d'une autre expérience ne voulaient guère porter un t-shirt porté préalablement par une personne qu'ils détestaient, même s'il était lavé et comme neuf (seriez-vous prêt à revêtir un habit naguère porté par Hitler?). Ces expériences sont d'autant plus frappantes que les sujets de Rozin sont des étudiants instruits. De ce point de vue, la peur du contact avec "les Asiatiques" s'ancre peut-être moins dans une pensée rationnelle sur la probabilité que ceux-ci soient effectivement porteurs de la maladie que dans une peur du contact avec l'idée-même de la maladie associée à ce vaste groupe (comme la saleté l'est à notre mouche).
Le rapport aux microbes oscille donc entre un discours rationnel ("c'est une mesure de santé publique élémentaire que d'éloigner des migrants infectés pour éviter qu'ils ne contaminent nos concitoyens" pourrait dire l'employé des services d'immigration à Ellis Island... tout comme peut-être le propriétaire munichois de notre locataire chinois) et une psychologie rudimentaire, pré-rationnelle. Cette même psychologie qui explique sans doute que la consommation de bière Corona a baissé considérablement suite à l'épidémie de COVID-19.
Le racisme et la xénophobie marient toujours la raison et les sentiments : derrière un discours d'apparence rationnel ("on ne peut pas accueillir toute la misère du monde") se cachent des émotions - inquiétude, ressentiment, peur, voire haine - bien moins avouables, le premier servant souvent à donner une forme acceptable aux secondes.
De ce point de vue, l'épidémie est le parfait cache-sexe de la xénophobie : la rationalité apparente de la promotion de la santé publique peut servir de paravent aux tressaillements de nos entrailles.
Billets précédents:
Episode 1: Le coronavirus est un terreau fertile pour les théories du complot
Episode 2: La symbiose des médias et des angoisses collectives
Episode 3: Le raz de marée et la lame de fond.
Les membres d'une communauté humaine tendent à développer des défenses immunitaires adaptées aux agents infectieux qui circulent au sein de celle-ci. Si un groupe est resté isolé pendant de nombreuses générations, le contact avec les membres d'autres communautés, porteurs de virus ou de bactéries inconnues, peut donc se révéler dangereux. Que l'on cherche à éviter ce contact, voire à isoler ces individus ne serait pas totalement irrationnel. En l'occurrence, du point de vue des Apaches et des Navajos, éviter tout contact, même indirect, avec les Européens était une question de survie.
Immigrés chinois en quarantaine à Angel Island (Californie), 1891
Dans les sociétés modernes, les communautés sont naturellement beaucoup plus larges et moins isolées. Néanmoins, de tout temps, les "étrangers" ont été perçus comme des vecteurs de maladies, que ce soit à travers des complots délibérés (les Juifs empoisonnant les puits au Moyen-Age), leur "saleté", leur nourriture ou, plus récemment, les "microbes" qu'ils véhiculeraient. Xénophobie et peur des agents pathogènes sont indissociablement liés dans l'histoire des sociétés humaines. Les immigrés pénétrant à Ellis Island, aux abords de New York, au début du siècle étaient "désinfectés" et examinés médicalement avant de s'assurer qu'ils n'importaient guère d'agents infectieux aux Etats-Unis. Si on peut voir là une mesure de santé publique, ces pratiques sont également ancrées dans dans attitudes xénophobes selon lesquelles les étrangers sont potentiellement vecteurs de maladies. Lors de l'épidémie de peste à San Francisco en 1900, nous raconte Howard Markel, Chinatown fut placé en quarantaine...mais les blancs pouvaient entrer et sortir sans problème: la peste étant attribuée au caractère "sournois" des Chinois.
Une telle attitude est-elle encore présente aujourd'hui? Les récits de personnes d'origine asiatique vivant en Europe ou aux Etats-Unis corroborent une résurgence de ce type de réactions en réponse au coronavirus. Ainsi, Li Xiang, un résident chinois résident à Munich (et arrivé en octobre, bien avant le début de l'épidémie, depuis l'Espagne de surcroit) fait part d'un courrier de l'épouse de son propriétaire l'enjoignant de quitter son appartement de peur : son mari craignait d'être contaminé. Si on ne peut nier l'existence de ce type de réactions, il est permis de se demander si, aujourd'hui encore, la xénophobie est un véritable produit de la peur des agents pathogènes. On ne peut pas se contenter de quelques anecdotes de ce type pour répondre à cette question.
Dans des recherches menées auprès d'étudiants canadiens, Faulkner et ses collègues ont utilisé des questionnaires pour évaluer leur tendance à se percevoir comme vulnérables à des maladies. Ils ont ensuite évalué les attitudes de ces mêmes personnes vis-à-vis de l'arrivée au Canada d'immigrés provenant de différentes régions du monde. Les auteurs constatent que les répondants se sentant les plus vulnérables sont aussi ceux qui se montrent les moins favorables à l'arrivée d'immigrés provenant de contrées lointaines (Afrique de l'Est). Ceci ne s'observe pas pour des immigrés provenant de régions plus proches culturellement (et donc moins susceptibles d'être "pathogènes" dans l'imaginaire des sujets), comme l'Europe de l'Est. Dans une étude ultérieure, ces mêmes auteurs ont recouru à un étude randomisée : ils montraient soit des images liées à des maladies (des photos de bactéries par exemple), soit des photos liées à des accidents (de voiture ou domestiques par exemple). Dans un second temps (une étude présentée comme distincte), on leur demandait d'exprimer leur attitude quant à l'immigration en provenance d'Ecosse d'une part et du Nigéria d'autre part. Comme on le voit ci-dessous, dans la condition "accidents", les répondants étaient aussi favorables aux deux types d'immigration alors que dans la condition "maladies", ils se montraient plus favorables à une immigration écossaise que nigériane.
Le psychologue Paul Rozin a suggéré que le rapport à la maladie, à l'infection, s'inscrit parfois dans un mode de pensée magique, pré-rationnel auquel, pour "civilisés" que nous nous croyons être, nous n'échappons pas : parmi les principes relevant de cette "pensée magique", celui de "contagion" selon lequel les propriétés d'une substance ou d'un objet peuvent se propager à une autre par simple contact. Cette idée est illustrée par une expérience menée avec des étudiants. Face à ceux-ci, l'expérimentateur plongeait une effigie de mouche en plastique stérilisée (et explicitement présentée comme telle) dans une bouteille d'eau minérale. Une grande partie des étudiants étaient rebutés à l'idée de consommer cette eau. L'idée que la "saleté" de la mouche (qui est ici purement symbolique) se propage dans leur corps par "contagion" expliquerait cette réaction. Autre exemple: les sujets d'une autre expérience ne voulaient guère porter un t-shirt porté préalablement par une personne qu'ils détestaient, même s'il était lavé et comme neuf (seriez-vous prêt à revêtir un habit naguère porté par Hitler?). Ces expériences sont d'autant plus frappantes que les sujets de Rozin sont des étudiants instruits. De ce point de vue, la peur du contact avec "les Asiatiques" s'ancre peut-être moins dans une pensée rationnelle sur la probabilité que ceux-ci soient effectivement porteurs de la maladie que dans une peur du contact avec l'idée-même de la maladie associée à ce vaste groupe (comme la saleté l'est à notre mouche).
Le rapport aux microbes oscille donc entre un discours rationnel ("c'est une mesure de santé publique élémentaire que d'éloigner des migrants infectés pour éviter qu'ils ne contaminent nos concitoyens" pourrait dire l'employé des services d'immigration à Ellis Island... tout comme peut-être le propriétaire munichois de notre locataire chinois) et une psychologie rudimentaire, pré-rationnelle. Cette même psychologie qui explique sans doute que la consommation de bière Corona a baissé considérablement suite à l'épidémie de COVID-19.
Le racisme et la xénophobie marient toujours la raison et les sentiments : derrière un discours d'apparence rationnel ("on ne peut pas accueillir toute la misère du monde") se cachent des émotions - inquiétude, ressentiment, peur, voire haine - bien moins avouables, le premier servant souvent à donner une forme acceptable aux secondes.
De ce point de vue, l'épidémie est le parfait cache-sexe de la xénophobie : la rationalité apparente de la promotion de la santé publique peut servir de paravent aux tressaillements de nos entrailles.
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Episode 1: Le coronavirus est un terreau fertile pour les théories du complot
Episode 2: La symbiose des médias et des angoisses collectives
Episode 3: Le raz de marée et la lame de fond.
10 commentaires:
Essai
Peut-on imaginer que cette peur de "contagion" soit un facteur important, susceptible de mener à une "exclusion" des populations immigrées, conduisant à la formation de "ghettos", de quartiers communautarisés, comme par exemple le quartier chinois mentionné dans l'article; et , si l'on pousse cette pensée à l'extrême, serait-il possible de voir l'émergence d'une ville totalement "communautarisée", dû à cette peur de la maladie, n'ayant peu, voire pas d'interactions entre les communautés? Pensez-vous que pareille ville serait plus apte à gérer de potentielles épidémies ?
Avant de commencer, je m'excuse par mon français, je ne suis francophone mais je le fait le mieux que je peux. Un exemple très clair de l'union entre xenophobie et peur des agents pathogènes peut être trouvé ces jours, non seulement dans la xenophobie vers les personnes chinoises mais dans d'autres cas. Par exemple, j'ai vu un tweet d'une personne américaine en critiquant les espagnoles par la grippe espagnole, sans savoir que sa origine se trouve aux États-Unis.
Par rapport à la xénophobie comme adaptation ou la xénopohbie originé par l'éducation, je pense que c'est plûtot la deuxième théorie. On n'est pas xénophobes vis-à-vis des cultures lontaines mais "développés" (une personne de Canada vers une personne d'Allemagne). Si le sujet en question vient d'un pays riche, ça va; mais s'il vient d'un pays un voie de développement, on a une mauvaise image de lui. Donc, le problème n'a pas un origine biologique mais naît de notre éducation.
L'allusion aux Apaches et aux Navajos évitant autrefois tout contact, même indirect, avec des Européens pour une question de survie m'a rappelé l'existence du peuple chasseur-cueilleur vivant encore actuellement sur l'île de North Sentinel. Plus connue d'ailleurs sous le nom de "Sentinelles", cette tribu considérée comme l'une des dernières demeurant totalement coupée du monde y est présente depuis des millénaires.
Elle refuse tout contact avec l'extérieur et a fait l'actualité en 2018 après avoir tué un Américain prénommé John Chau ayant fait le voyage pour faire leur rencontre. Sans nul doute possible dans l'intention de faire la une des journaux (lien avec le second épisode relatif à la symbiose des médias et des angoisses collectives) ou par manque de professionnalisme/déontologie - ce dont je doute fortement -, nombre de médias l'avaient alors présentée comme une tribu sauvage au sens figuré et péjoratif du terme, utilisant des qualificatifs tels que "hostile" ou "barbare" pour la désigner et l'introduire ainsi aux yeux du monde.
Par ailleurs, toujours dans un but davantage mercantile qu’informatif, John Chau avait été mentionné par les médias comme étant un missionnaire venu pour évangéliser les Sentinelles alors qu'il était plutôt un aventurier prêchant la bonne parole, certes, mais surtout curieux de découvrir ce peuple. Il va de soi que je ne remets nullement en question les bonnes intentions de ce malheureux explorateur. Cela étant précisé, cette manière de présenter ce jeune Américain comme un « missionnaire » de surcroît « massacré », d’une part, et les Sentinelles comme un peuple barbare, d’autre part, représente à mon sens une double désinformation dont le cocktail s’avère très profitable à certains médias désireux de vendre plus de papier.
Bien que de nombreux autres parallèles totalement d’actualité me viennent à l’esprit, je ferme ici cette parenthèse relative au lien mis en exergue avec le second billet tout aussi intéressant pour revenir sur cette question de survie évoquée en guise de prélude.
Il est évidemment plus que regrettable que John Chau soit décédé dans de telles circonstances. Pour autant, peut-on objectivement lancer la pierre aux habitants de l’île de North Sentinel ?
Selon eux, leur survie était en jeu, et ce, peut-être à juste titre. On ne le saura jamais.
Dans quelles circonstances est arrivé John Chau ? Si l’on en croit les dires des pêcheurs qu’il avait payés pour l’emmener à bon port, il devait certainement connaître les risques qu’il encourait. A ce sujet, les pêcheurs auraient bien à raison refusé de l’accompagner jusqu’au bout lors de sa première tentative de rejoindre l’île. La veille de sa mort, il aurait réussi à approcher les Sentinelles à deux reprises pour leur donner des cadeaux avant d’être la cible d’une flèche qui l’aurait contraint à fuir l’île et rejoindre le bateau des pêcheurs. Il y serait tout de même retourné le lendemain pour mourir tragiquement.
Indépendamment de l’imprudence de notre aventurier pour tout le moins candide, les Sentinelles ont-ils tenté à leur manière de le prévenir de rebrousser chemin ? Le voyant débarqué sur l’île et visiblement déterminé à faire leur rencontre, avaient-ils d’autres flèches à leur arc selon leur propre schéma cognitif avant d’en décocher réellement pour tuer ce personnage perçu comme une menace potentielle ? Je n’essaye ni de justifier, ni de condamner le meurtre malheureux de cet explorateur qui l’a été tout autant. Les Sentinelles ont sans doute jugé qu’il était trop tard et ont réagi comme un parent prêt à tout, ou presque, pour sauver sa progéniture, telle une lionne vis-à-vis de ses lionceaux ou encore un oiseau dont le nid serait menacé par un prédateur.
Je trouve que cette histoire illustre parfaitement qu’à l’origine du racisme et indépendamment des autres causes susceptibles de le nourrir, il y a toujours une part considérable d’ignorance, au sens le plus strict du terme, qui est d’ailleurs peut-être elle-même à la base des autres causes éventuelles.
Dans les sociétés modernes, les communautés sont naturellement beaucoup plus grandes et moins isolées.
Depuis toujours, les "étrangers" sont perçus comme des vecteurs de maladies... ils continuent d'être classés comme tels.
Il est vrai que cette pandémie sera désormais un prétexte à la discrimination, la peur provoquant des attitudes xénophobes et discriminatoires envers la population asiatique.
La peur ne peut justifier les préjugés et la discrimination.
Qui sont les porteurs de ce virus en ce moment?
Ce n'est pas un animal, ce n'est pas une chauve-souris, ce n'est pas un chien ou un chat.
Ce sont des humains, peu importe d'où vient le covid-19, ce qui compte vraiment, c'est que nous sommes ceux qui portent ce virus.
Notre inconscience nous a amenés à infecter des milliers de personnes. Serions-nous capables de créer de la discrimination et de la xénophile en sachant que la personne qui a introduit l'infection chez vous est un membre de votre famille...
En février 2020, certaines administrations ont été fermées ''avant l'heure'' au gens qui avaient passés leurs vacances de Carnaval dans des régions où le virus s'était manifesté.
Les gens se retrouvaient face à un bureau d'accueil et ils étaient interrogés sur un sujet qui pourrait être considéré comme privé càd leur destination de vacances et ils se voyaient refuser l'entrée en fonction de leur réponse. Ils pouvaient être Belge ou autre, le problème était lié à une zone géographique traversée. J'ai entendu des gens revenant de Chine qui avaient peur du regard de ceux qui savaient, même les proches, déjà un sentiment de honte alors qu'on ne connaissait pas encore les proportions que cela allait prendre. Se demandant s'ils allaient se faire refuser l'entrée de l'administration ou s'il fallait mentir juste pour une destination de vacances.
qu'entendez vous par "un mode de pensée magique"? je n'ai pas compris
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