mardi 31 janvier 2012

Les descendants de rescapés de l'Holocauste sont-ils traumatisés?


Lorsqu'un groupe social a été victime d'une persécution massive, la réponse immédiate, parmi les survivants, peut être le silence nourri, parfois, par un sentiment de culpabilité: pourquoi moi et pas les autres? Le silence peut également être alimenté par la volonté de ne pas confronter les générations à venir à l'horreur des souvenirs qui nous habitent. Cette culture du silence est fort bien illustrée dans la bande dessinée "Maus" d'Art Spiegelman, dans laquelle on voit un père rescapé qui s'est gardé de raconter les horreurs vécues dans les camps jusqu'à que son fils adulte ne l'y presse (et l'accouchement restera bien difficile).

Si on ne peut évidemment nier que l'expérience d'un génocide soit traumatisante pour les rescapés, il est permis de se demander si l'idée même du génocide est susceptible d'avoir un tel effet sur les générations suivantes. Y a-t-il une transmission intergénérationnelle du trauma? Une question qui a fait couler beaucoup d'encre en particulier chez des philosophes et psychanalystes juifs (on trouve une bonne synthèse en anglais de ces approches dans ce document sur le site de Yad Vashem). 


jeudi 26 janvier 2012

La personnalité raciste existe-t-elle?

Source: Pessin, Le Monde, 21 juin 2003


Le quotidien La Libre faisait récemment écho d'une étude montrant que l'antisémitisme refaisait surface en Allemagne. Ces résultats corroborent un sondage effectué par le Pew research center dans des échantillons représentatifs de 7 pays (dont 5 européens). Comme on peut le constater ci-dessous, une augmentation des attitudes défavorables aux juifs semble être à l'oeuvre entre 2004 et 2008 dans tous les pays étudiés, à l'exception des USA et de la Grande-Bretagne. En Allemagne, on atteint une estimation de +/- 25%. La question exacte posée aux sondés est-la suivante: "Dites-nous si vous avez une attitude très favorable, plutôt favorable, plutôt défavorable ou très défavorable vis-à-vis des Juifs?"

lundi 23 janvier 2012

Si tu veux rendre ton enfant obèse, dis-lui de finir son assiette!


La prévalence de l'obésité est parfois décrite comme une nouvelle épidémie, qui touche aussi bien les contrées industrialisés que les pays émergents, voire en développement. Comme elle est en partie liée à la surconsommation alimentaire, la recherche sur les déterminants psychologiques de l'alimentation a fleuri ces dernières années. Ces travaux se concentrent en particulier sur deux types d'indices déterminant la prise de nourriture: les indices "internes" (faim, satiété, par exemple) et les indices externes (environnement, normes sociales, etc.). Les travaux sur les influences environnementales sont souvent très instructifs et montrent combien nous avons tendance à nous laisser influencer par des éléments aussi peu pertinents d'un point de vue nutritif que la couleur des aliments, la taille des assiettes dans lesquels ils sont servis ou la durée restante de l'émission de télévisée que nous visionnons en dînant. Ceci a conduit un auteur comme Brian Wansink a parler de "mindless eating" ("manger sans réfléchir").

vendredi 20 janvier 2012

Le sexisme produit-il les inégalités entre les sexes ou l'inverse?


Dans un entretien à La Libre Belgique datée du 18 Janvier, la ministre belge de l'Intérieur s'en prend aux au sexisme: "Il suffit de voir la génération de mes enfants pour mesurer les combats à mener pour changer l'image de supériorité de l'homme sur la femme (...) Je dois tout le temps rectifier le tir (...) Sur l'égalité des chances, il y a des boulevards à franchir. Le sexisme est une forme de racisme, de discrimination (...) envers les femmes.". Elle se propose de juger les politiques publiques à l'aune de leur influence sur les inégalités hommes-femmes.

jeudi 19 janvier 2012

Notre comportement est-il influencé inconsciemment par des stéréotypes?



Dans les années 50, le consultant en marketing James Vicary a affirmé avoir présenté des messages subliminaux (d'une durée de 1/3000 de seconde) vantant les mérites du popcorn et du Coca-Cola dans une salle de cinéma. Selon lui, les ventes de ces produits ont atteint des records durant les six semaines qui ont suivi cette projection.
L'idée qu'on puisse influencer des comportements relativement complexes comme ceux-ci sans que les auteurs de ces comportements aient conscience des stimuli, ou amorces, qui les ont déclenchés, s'est petit à petit insinuée dans l'opinion publique.

mercredi 18 janvier 2012

Une fiscalité progressive rend-elle heureux?

Est-on plus heureux dans certains pays que d'autres? Et si oui, pourquoi? Est-ce une question de prospérité:  les riches seraient-ils plus heureux que les pauvres? Est-ce une question de culture: les "torturées" et les "insouciantes"? Ou encore, comme le suggéraient les travaux de Wilkinson et Pickett mentionnés dans le billet précédent, une question d'inégalité? Le psychologue interculturel Shige Oishi (Université de Virginie) et ses collègues ont apporté une réponse originale et intéressante à cette question dans un article récent. Selon eux, un des facteurs qui pourrait déterminer le "bonheur" au sein d'un état est le type de fiscalité qui y règne. Ils se fondent en ceci sur les travaux du grand philosophe politique américain John Rawls qui prônait la redistribution des biens au sein de la société, visant à un accès de tous aux biens publics et des chances égales de réussite sociale (et par-là le bien-être). Pour mettre l'hypothèse de Rawls à l'épreuve, ils se sont appuyés sur les données récoltées au sein de 54 pays dans un sondage Gallup. Parmi les questions posées aux répondants, certaines concernaient le bien-être ou le bonheur. Par exemple "Evaluez votre vie actuelle de 0 ("la pire possible") à 10 ("la meilleure possible"). Ce dernier indice est qualifié  d'indice global de satisfaction de vie.

lundi 16 janvier 2012

Des conséquences psychologiques de l'inégalité sociale

Et voici mon premier billet...

Donc...Je viens de terminer la lecture de The Spirit Level de Richard Wilkinson et Kate Pickett, deux épidémiologistes qui examinent les conséquences de l'inégalité dans les pays de l'OCDE sur une variété de "fléaux": homicides, obésité, grossesses adolescentes, utilisation de drogues, maladies cardiovasculaires,... Le constat est invariablement le même: plus une société est inégalitaire, plus ces fléaux sont fréquents. La prospérité d'un pays détermine moins la fréquence de ces phénomènes que le niveau d'inégalité en son sein.