Lorsqu'un groupe social a été victime d'une persécution massive, la réponse immédiate, parmi les survivants, peut être le silence nourri, parfois, par un sentiment de culpabilité: pourquoi moi et pas les autres? Le silence peut également être alimenté par la volonté de ne pas confronter les générations à venir à l'horreur des souvenirs qui nous habitent. Cette culture du silence est fort bien illustrée dans la bande dessinée "Maus" d'Art Spiegelman, dans laquelle on voit un père rescapé qui s'est gardé de raconter les horreurs vécues dans les camps jusqu'à que son fils adulte ne l'y presse (et l'accouchement restera bien difficile).
Si on ne peut évidemment nier que l'expérience d'un génocide soit traumatisante pour les rescapés, il est permis de se demander si l'idée même du génocide est susceptible d'avoir un tel effet sur les générations suivantes. Y a-t-il une transmission intergénérationnelle du trauma? Une question qui a fait couler beaucoup d'encre en particulier chez des philosophes et psychanalystes juifs (on trouve une bonne synthèse en anglais de ces approches dans ce document sur le site de Yad Vashem).