mardi 25 janvier 2022

Psychologie sociale du coronavirus (Episode 25): Aurait-on pu sauver Magie?


Magie, notre fabuleuse petite chatte de 4 ans s'est éteinte jeudi soir. Cette douloureuse expérience m'a fait réfléchir aux discours recommandant de "cibler les personnes à risque" pour la vaccination. 

A 16H30, elle était en pleine forme. A 18H30, nous avons constaté qu'elle respirait bruyamment et se déplaçait avec difficulté, prostrée en "sphinx". Elle avait aussi uriné sur le canapé, ce qui n'était jamais arrivé. Nous avons appelé une vétérinaire d'urgence ("vet emergency"). Nous avons attendu pendant plus de deux heures (!). Le concept d' "emergency" est relatif... Pendant ce temps, ses symptômes se sont aggravés

La vétérinaire a identifié un problème cardiaque. Magie était blanche. Elle a essayé de l'oxygéner en la mettant dans une cage conçue à cet effet. Elle s'est éteinte quelques minutes plus tard. En dépit de visites régulières chez le vétérinaire, aucun problème cardiaque n'avait été détecté. 

Apparemment, ce type de problème cardiaque subit, et imprévisible, n'est pas rare chez des jeunes chats. Si la vétérinaire était arrivée un peu plus tôt, cela n'aurait sans doute pas changé grand chose (ce type de pathologie est difficilement traitable apparemment). 

On entend beaucoup de militants "rationnels", "hésitants" voire "anti-vax" affirmer qu'il faut restreindre la vaccination aux personnes "à risque": les personnes âgées, obèses, asthmatiques... Cette position est notamment évoquée en ces temps de débats concernant la vaccination obligatoire. 

Donc, imaginons qu'il y ait eu un vaccin contre la cardiopathie de Magie, il aurait fallu lui administrer préventivement, n'est-il pas? Oui, mais...aucun élément ne permettait de prédire qu'elle en souffrait...bien que nous soyons allés régulièrement chez sa vétérinaire. De nombreuses "personnes à risque" de COVID-19 ne savent pas non plus qu'elles le sont. Certaines personnes cliniquement obèses ignorent qu'elles le sont (on est vite à un IMC de 30,), certaines souffrent de diabète sans le soupçonner,...voire sans savoir que ce sont des facteurs de risque.  Et même si le facteur de risque est détectable, encore faut-il que ces personnes se fassent examiner...

Or, on sait qu'une grande partie de la population belge ne fait pas des examens médicaux réguliers, voire reporte des soins importants. Cela s'explique surtout par des raisons financières. La COVID-19 touche de façon disproportionnées les personnes les plus défavorisées, que ce soit en termes de mortalité ou d'effets indirects sur le revenu / le bien-être etc...et ce sont dans ces mêmes catégories que l'on trouve les taux de vaccination les plus faibles et l'hésitation la plus élevée. 


Par ailleurs, de nombreuses personnes "non à risque" se retrouvent hospitalisées, voire dans les unités de soins intensifs.  Si un vaccin sûr permettant de prévenir les cardiopathies félines avait existé mais qu'on ne l'avait administré qu'aux "chats à risque", cela n'aurait rien changé à notre deuil. En revanche, si un tel vaccin avait été administré à tous les chats, Magie serait sans doute bien vivante.

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