jeudi 6 septembre 2012

Les sondages d'opinion, ces incompris


Joëlle Milquet et Benoît Lutgen, nouveau président du CDH. Source



Le quotidien belge La Libre publie un sondage trimestriel sur les intentions de vote dans le pays. Parmi les enseignements du sondage publié aujourd'hui, l'un concerne le partie démocrate chrétien CDH, qui a récemment changé de président (après une longue présidence de Joëlle Milquet). Or, ce parti à perdu +/- 1 % dans les intentions de vote à Bruxelles et en Wallonie, les deux régions majoritairement francophones de pays. Quel enseignement en tire l'éditorialiste?

"Autrefois, Joëlle Milquet bossait, incendiait, vitupérait Mais au moins, on l’entendait. L’actuelle présidence du parti, montrée du doigt pour ses absences, ses silences, ses carences, devra réagir. "

L'équation est simple: le parti a perdu des voix (A) et il a change de président (B). La présence de cette conjonction d'événements s'explique nécessairement par une relation de causalité (B cause A). C'est là un biais cognitif bien connu: on a de la peine, lorsqu'on envisage deux événements potentiellement liés, à ne pas considérer que l'un cause l'autre. 

Sauf que...la baisse du CDH en termes d'intentions de vote est bien inférieure à la marge d'erreur du sondage, qui est de l'ordre de 3 % (c'est indiqué dans le quotidien lui-même) - ceci est du reste vrai de la plupart des tendances observées dans le sondage. Ce changement peut donc être tout à fait dû au hasard de l'échantillonnage. Dans un billet précédent, j'expliquais en détail la signification de cette marge d'erreur. 

Soit les journalistes ne sont guère conscients de la signification de la marge d'erreur et devraient lire mon billet... Soit, plus cyniquement, on peut se dire qu'un sondage n'est guère rentable si on doit se contenter de dire que chacune des tendances qu'on évoque peut aussi bien s'expliquer par le hasard que par un quelconque mouvement d'opinion, un discours bien peu vendeur. Car, pour réduire la marge d'erreur, il faut augmenter la taille de l'échantillon, ce qui coûte très cher. Toujours est-il qu'on peut être rempli de compassion pour le président de parti qui se voit stigmatisé sur des bases bien douteuses. 

PS: Voir aussi ce billet-ci, daté du 11 septembre, qui confirme cette analyse. 


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