dimanche 27 mai 2012

Le retour du malin: un compte équestre


Hans en 1910

Billet dédié à Margot, mon hippophile de 9 ans

A l'aube du XXème siècle, Hans, un bel étalon, avait fait sensation grâce à sa capacité à "compter": lorsqu'un individu, et tout particulièrement son maître Whilhelm Von Osten, énonçait un chiffre, il produisait un nombre de coups de sabots correspondant. Hans était-il doté d'une "intelligence" conceptuelle lui permettant de compter? Une commission de spécialistes, dont l'éminent professeur de psychologie Carl Stumpf, se réunit à Berlin pour émettre un verdict à ce sujet. Elle arriva à la conclusion qu'il n'y avait ni "truc", ni "duperie" dans les prouesses de Hans. Toutefois, un nouveau protagoniste, Oskar Pfungst, assistant de Stumpf, entrera en scène et qualifiera ces conclusions. Pfungst soumettra Hans à une batterie d'expériences ingénieuses visant à départager les différents facteurs susceptibles d'expliquer les prouesses de Hans. Par exemple, il lui fera compter dans l'obscurité (avec des oeillères). Ou il demandera au questionneur de se retirer après avoir énoncé le nombre cible (annonçant la technique du "double aveugle").


A l'issue de ces travaux, Pfungst rejettera l'hypothèse de compétences arithmétiques. Il conclura que le cheval se fonde sur des mouvements involontaires du questionneur, alors que celui-ci s'approchait du nombre fatidique. En inclinant très légèrement la tête, le questionneur faisait "taper" Hans. En revanche, lorsqu'il se redressait, Hans s'arrêtait de taper. Le questionneur n'était nullement conscient de ces mouvements et de leur influence sur Hans.  Imitant Hans en tapant lui aussi du pied, Pfungst parviendra même à deviner le nombre auquel pense le questionneur en observant ces mêmes mouvements. 


Hans & Oskar Pfungst

L'histoire de Hans revêt quasiment le statut d'une parabole biblique dans la psychologie expérimentale actuelle. Quel message en retire-t-on? 

- Tout d'abord, elle illustre le rôle de la psychologie expérimentale, et de sa rigueur méthodologique, dans une forme de "désenchantement". Il y a ici une opposition implicite entre le sensationnel (un cheval sachant compter) et un comportement apparemment ordinaire (détecter les mouvements d'un questionneur). De ce point de vue, Pfungst s'inscrit dans la même démarche que les expérimentalistes sceptiques qui démasquent les "faux" télépathes, voyants et autres médiums. 

- D'autre part, elle met en lumière un aspect particulier de la procédure expérimentale: le rôle du "questionneur" (qui deviendra "expérimentateur") dans la production des résultats qu'il attend. L'expérimentateur apparaît alors comme un facteur de "biais" qu'il faut contrôler comme les autres. Si un résultat est produit par les attentes de l'expérimentateur plutôt que par des processus internes au sujet lui-même, il perd tout son intérêt. A ce titre, cette histoire est citée dans de nombreux manuels de méthodologie expérimentale comme contre-exemple. 

Dans un billet précédent, j'évoque précisément une recherche dans laquelle nous avons essayé de reproduire une expérience célèbre menée il y a une quinzaine d'années aux Etats-Unis. Nous n'y sommes parvenus que lorsque l'expérimentateur s'attendait à observer les mêmes résultats que les auteurs de l'étude originale. Comme je l'ai écrit par ailleurs, le premier auteur de cette étude a réagi de façon très négative à notre article. En particulier, dans un second billet, il s'est montré fort aigri suite à l'allusion d'un internaute à "Hans le malin" en réponse à son premier billet dénonçant notre travail. Evoquer Hans fait en effet figure d'insulte dans la psychologie expérimentale d'aujourd'hui. Elle revient à accuser le responsable de l'étude visée de manque de rigueur méthodologique. Un autre collègue américain m'a également signalé que nous (les coauteurs de la réplication) avions à présent la réputation d'avoir invoqué Hans pour dénigrer l'étude originale (ce que nous n'avons jamais fait). Comme s'il s'agissait de l'injure suprême. 


Cet épisode m'a conduit à relire l'ouvrage de Vinciane Despret, Hans, le cheval qui savait compter. Vinciane Despret est philosophe et psychologue (elle enseigne à l'Université de Liège et à l'ULB). Son travail se distingue par un intérêt particulier pour la construction des savoirs en psychologie et plus particulièrement en psychologie animale, disciplines qu'elle aborde sous l'angle d'une philosophe des sciences.  

Le cas de Hans est intéressant dans cette perspective car il se situe à une époque de transition pour la psychologie expérimentale. La discipline, fondée à la fin du XIXème siècle, recourt alors à des "expérimentateurs/sujets" qui scrutent leur propres réactions (souvent à travers l'introspection) pour dégager des conclusions sur le fonctionnement humain. Lorsque les sujets ne se confondaient pas avec l'expérimentateur, ils  se devaient d'être des personnes expertes dans le domaine. Ainsi, un des fondateurs de la psychologie expérimentale de la mémoire, Hermann Ebbinghaus s'employait à mémoriser lui-même des listes de syllabes  sans signification et en tirait des conclusions quant au fonctionnement de la mémoire humaine. Dans d'autres cas de figure, ce sont des "assistants" ou des collègues qui servent de cobayes pour l'expérimentateur. Leur expertise garantissait la crédibilité des observations effectuées. Il fallait avoir confiance en le sujet d'expérience pour espérer produire des résultats pertinents. 

Avec le behaviorisme, qui apparaît dans les années 20, se cristallisera l'opposition entre l'expérimentateur (qui sait) et le sujet interchangeable et ignorant. Ce dernier est envisagé comme "passif": on examine ses "réactions" (plutôt que ses actions) aux facteurs manipulés par l'expérimentateur. On le trompe même parfois sur l'objet de l'expérience. Ce modèle restera dominant  même après la disparition du béhaviorisme ou dans des sous-disciplines peu influencées par ce courant, comme la psychologie sociale (pensons par exemple à l'étude de Milgram). 

 Pfungst, en introduisant Hans dans le laboratoire, l'inscrit donc dans ce passage:  

 "(Pfungst) fait passer Hans de l'animal qui répond à l'animal qui réagit. La réaction est au coeur de cette affaire, c'est elle la véritable transformation qui annonce que les vivants, comme les objets de ces sciences qui font rêver les psychologues, vont enfin se soumettre aux lois qui régissent l'univers" (p. 123).

Selon Despret, lorsqu'il a été pris en main par Pfungst, Hans est entré en psychologie. A la lumière de ce cas, elle nous révèle également ce que cette transition implique pour la compréhension du fonctionnement humain par la psychologie expérimentale. 

En psychologie, le sujet d'expérience  n'a généralement pas d'histoire. On le conçoit comme doté d'une psychologie stable et immuable. Or, affirme Despret, Pfungst a changé Hans. A travers son dispositif expérimental, il l'a transformé en une sorte de robot réagissant mécaniquement aux stimulations que lui-même produit. Il  l'a également réduit en considérant chacune de ses réactions séparément: Hans apparaît comme un agrégat de canaux sensoriels et perceptifs plutôt que comme un être singulier et "total" (en ce sens, il est victime d'une sorte d'objectivation). Depret illustre ceci très bien en commentant les expériences dans lesquelles Hans devait répondre dans l'obscurité (et n'y parvenait pas). Cela signifiait, selon Pfungst, que ses bonnes réponses dépendaient de l'utilisation de canaux  visuels. En ceci, il est fidèle à la logique de l'expérimentation. Mais, rétorque Depret, cela ne signifie pas que, lorsqu'il ne fait pas noir, il utilise uniquement ces canaux visuels. Peut-être ses performances plus faibles sont-elles dues à la surprise que crée cette obscurité et non au fait qu'un unique canal sensoriel ait été obstrué. Du reste, dans sa période post-Pfungst, il parviendra même à répondre dans le noir. Et Pfungst lui-même montrera que les indices auditifs sont également employés par Hans, en sus des indices visuels. 

De nombreux questionneurs, et pas seulement Von Osten, parviennent à susciter de bonnes réponses chez Hans. C'est là un des aspects les plus troublants du phénomène. Tous les questionneurs "efficaces" manifestent les mêmes mouvements involontaires. Comment expliquer ce "consensus"? S'agit-il d'un code gestuel "culturellement partagé" chez les Allemands du début du début du XXème siècle? Voire, à l'inverse, de mouvements programmés génétiquement? Une autre possibilité, plus stimulante, est concevable: cette uniformité dépendrait du comportement de Hans lui-même. Il  exercerait une influence uniforme sur ses questionneurs, ce qui expliquerait leurs similarités de comportement.  Cette idée que le cheval et son questionneur s'influencent mutuellement et changent donc au cours de leurs interactions (ici, dans le cadre expérimental) rejoint un des thèmes centraux dans l'ouvrage précédent de Despret, Quand le loup cohabitera avec l'agneau. On y trouve de nombreux exemples de ce type d'influences mutuelles entre animaux et humains. 


Dans le cadre d'un paradigme expérimental, le sujet (Hans) ne peut être envisagé que comme un être passif. Ceci amène Pfungst à oblitérer la possibilité que Hans influence ceux qui l'interrogent: il ne fait pas qu'enregistrer des signes; il contribue également à les produire à travers un jeu d'ajustements réciproques qui se marient difficilement avec la logique expérimentale en plein essor. 

Selon Despret, le cas de Hans révèle comment la méthode expérimentale a perverti le rapport du chercheur à son objet:
"elle est devenue une technique qui définit la relation à ses objets dans le seul registre du contrôle. Ce faisant, elle a simplement voulu oublier ce qui définit la singularité (…) de l'expérience interrogeant le vivant: c'est une situation sociale dans laquelle le fait de "s'accorder" ou de ne pas le faire n'est jamais indifférent" (p. 73). 
L'accord du sujet avec ce qu'en attend l'expérimentateur, loin d'être un "parasite" dissimulant le "véritable" phénomène, reflète la capacité du sujet à entrer en relation avec l'autre. Dans le cas de Hans, Despret va jusqu'à dire qu'il "a acquis ce qui compte pour rentrer dans la communauté humaine" (p. 73).  

Despret nous propose également une réflexion stimulante sur "l'insu": cette précaution méthodologique "élémentaire" selon laquelle le sujet ne peut rien savoir des hypothèses de l'expérience. S'il les connaît, on pourra attribuer les résultats à sa bonne volonté plutôt qu'au processus supposé produire l'effet attendu. La démarche expérimentale se fondera donc sur une méfiance vis-à-vis du sujet. Paradoxalement, cette méfiance se couple à une confiance de la part de ce dernier, qui accepte de se plier aux tâches les plus absurdes, voire les plus humiliantes (pensons encore à Milgram) sachant qu'il est dans "une expérience scientifique". Ceci mènerait à une sorte de clivage chez les sujets: ils laissent leurs doutes et ce dont ils se doutent à la lisière de la conscience. Mais cela ne les fait pas moins agir. De telle sorte que leur comportement peut malgré tout révéler une volonté d'aider l'expérimentateur, à leur propre insu. L'insu appauvrit dès lors l'interprétation: on se prive d'explorer avec les sujets ce qui a produit leur comportement. Cette critique s'inscrit dans une remise en cause de la logique  positiviste qui gouverne la psychologie expérimentale: il ne s'agit pas de savoir, pour Despret, ce qui est "vrai" ou "non" mais de poser les bonnes questions. En cachant l'objet de la recherche au sujet, on s'en prive en partie:

"Nul besoin de contraste entre le 'su' et 'l'insu' si la recherche se définit d'abord comme création de bonnes questions: la psychologie se définirait alors comme science des compétences, et les dispositifs comme lieux d'exploration et de création de ce dont les humains peuvent être capables quand on les traite avec la confiance qu'on accorde aux experts" (p. 103)

Cette réflexion m'a fait penser au "perspectivisme" développé par le psychologue social William McGuire. Dans ses travaux, celui-ci posait qu'il était moins intéressant de savoir si une hypothèse était vraie ou non (cela aboutit à des questionnements souvent stériles et à des conclusions peu originales, ce qu'il appelle la bubbapsychogy - psychologie "DA-DA") que de savoir de quel point vue elle était vraie ou fausse. Ainsi, si on part d'une hypothèse qui peut sembler banale et inintéressante (par exemple, "on est davantage attiré par une personne similaire à soi que différente"), on peut se demander:

- Dans quelle condition son opposé est vrai. Par exemple, dans quels cas est-on attiré par une personne différente de nous?
- Ou: jusqu'à quel degré est-elle est vraie. Par exemple, à partir de quel niveau de similarité devient-elle fausse? Serait-on attiré par une personne en tous points semblables à nous? Si oui, pourquoi?
- Ou encore: quels sont les types ou les catégories de similarité (par exemple, physique, de personnalité, sociologiques, etc.) et dans quelle mesure chacune des hypothèses précédentes s'applique-t-elle à chacun de ces types de similarités.

Sans aboutir à des vérités immuables, ce type de démarche nous amène à réellement enrichir notre appréhension du phénomène et des processus susceptible d'intervenir dans sa production. 

Mais revenons à Hans. Par certains aspects, la démarche de Pfungst reste encore ancrée dans la psychologie du XIXème siècle. Il en est ainsi dans son recours à des questionneurs "de talent". Car, n'importe qui ne peut pas questionner Hans. Ce choix renvoie à la figure du sujet/expert évoquée précédemment. Aujourd'hui, on attend d'un sujet qu'il soit interchangeable avec un autre. Affirmer que des résultats sont dus à des sujets "de talent" renverrait immédiatement du discrédit sur ces résultats. Comme si un élément "magique" était responsable de ces résultats. 

L'approche de Pfungst se caractérise par une volonté de contrôle du contexte afin de mettre en évidence l'intelligence "réelle" de Hans, indépendamment de facteurs contextuels (comme les mouvements du questionneur). La vision de l'intelligence, ou de la compétence arithmétique, sous-jacente est donc celle d'une capacité abstraite, intra-individuelle, susceptibles de s'actualiser dans une infinité de contextes. C'est la vision des mathématiques qu'on enseigne (le plus souvent) à l'école et qui permettra à chaque petit bambin de compter où qu'il soit. Lorsque, toutefois, on envisage les compétences mathématiques d'individus non ou peu scolarisés, on constate que celles-ci sont parfois présentes, mais intimement liées au contexte dans lequel elles s'actualisent. Par exemple, Jean Lave (1977) s'est intéressée aux compétences mathématiques de tailleurs et apprentis tailleurs au Libéria. Ceux-ci devaient effectuer des problèmes arithmétiques. Certains correspondaient aux types de problèmes posés dans un contexte scolaire et d'autres, à ceux rencontrés dans leur métier. Ces deux types de problèmes avaient la même structure et pouvaient être résolus grâce aux mêmes raisonnements. Lave constate que la performance à ces deux tâches dépend de facteurs distincts: le nombre d'années de scolarité dans le premier cas; les années d'expérience dans le second. En d'autres termes, la définition de l'intelligence, qu'elle soit humaine ou animale, se fonde sur une interaction avec l'environnement social  particulier. 


Jean Lave (source)


Du point de vue d'un cheval domestiqué,  l'interaction avec les humains est une question de survie. Etre en mesure de détecter des signaux humains complexes est dès lors particulièrement important. Pouvoir le faire visuellement alors que la plupart de ses congénères utilisent des sensations musculaires ou sensori-motrices (pression des rênes, appui des talons sur les flancs,…) reflète une forme "d'abstraction" qui semble déjà assez remarquable. En souhaitant extraire Hans du contexte dans lequel ses compétences peuvent s'actualiser, Pfungst s'interdit donc de les appréhender. En un sens, les compétences dont fait preuve Hans ne sont pas moins extraordinaires que "de savoir compter" (ce qui est relativement peu utile à un cheval). En croyant "démystifier" un phénomène, Pfungst le rend finalement plus fascinant encore. 

Cette vision de l'expérimentation, abstraite du contexte, est restée dominante en psychologie expérimentale  jusqu'à aujourd'hui. Elle a récemment fait l'objet de propositions alternatives sous la forme du mouvement de la  "cognition située" qui accorde précisément une place déterminante au contexte dans lequel se déroule le comportement. Un exemple de ce type d'approche réside dans une recherche de Sinclair et Kunda dans laquelle des étudiants sont amenés à répondre à un test de "compétences interpersonnelles". Ensuite, un comparse de l'expérimentateur leur fait part de son évaluation de leur performance qui peut être soit positive, soit négative. Cette évaluation est en fait déterminée aléatoirement. Ce comparse appartient à deux catégories sociales aux stéréotypes sociaux opposés: afro-américain (stéréotypé comme pauvre et peu intelligent) et médecin (stéréotypé comme riche et intelligent). Sinclair et Kunda ont constaté que les sujets pensaient spontanément au stéréotype positif lorsqu'ils étaient félicités et au stéréotype négatif lorsqu'ils étaient critiqués. Plus précisément, ils réagissaient moins rapidement à des mots stéréotypiques des noirs lorsqu'ils recevaient des compliments que des critiques négatives de la part d'un médecin noir. (cf. ci-dessous). 


Pour les mots caractéristiques des médecins, c'est l'inverse: lorsque le médecin noir fait des compliments, on réagit plus rapidement que lorsqu'ils émet des critiques négatives. Ceci ne se produit pas lorsque ces commentaires proviennent d'un médecin blanc. 



Ceci ne se produit pas lorsque le sujet se contente d'observer le médecin noir critiquer ou féliciter un tiers. Il semblerait donc que l'implication du sujet dans la situation, et la motivation qui y est associée (croire aux compliments et rejeter les critiques) aient déclenché un processus que l'on croyait automatique et indépendant du contexte: l' "activation" des stéréotypes sociaux. Depuis une dizaine d'années, des travaux de ce type se multiplient (voir Smith & Semin, 2004). 

En revanche, les implications méthodologiques de ce type d'approche n'ont pas nécessairement été prises en compte. Comme le souligne Despret, l'expérience est une situation sociale. Elle prend place dans une institution, implique des interactions avec un expérimentateur, voire avec d'autres personnes, recourt (généralement) au langage, etc. Si on veut étudier la "cognition" comme une réponse au contexte social à travers des études expérimentales, il importe donc de prendre en compte le contexte de l'expérience lui-même. Les suites de notre tentative de réplication révèlent combien ce type de démarche, pour rare qu'elle soit, peut encore être mal perçue. 

Références

  • Despret, V. (2004). Hans, le cheval qui savait compter. Paris: Les Empêcheurs de Tourner en Rond
  • Lave, J. (1977). Cognitive Consequences of Traditional Apprenticeship Learning in Western Africa. Anthropology and Education, 8, 177-180. 
  • McGuire, W. J. (1997). Going beyond the banalities of bubbapsychology: A perspectivist social psychology. In C. McGarty & S. A. Haslam (Eds.) The message of social psychology : Perspectives on mind in society (pp. 221±237). Oxford: Blackwell.
  • Sinclair, L., & Kunda, Z. (1999). Reactions to a Black professional: Motivated inhibition and activation of conflicting stereotypes. Journal of Personality and Social Psychology, 77, 885–904.
  • Smith, E.R., & Semin, G.R. (2004). Socially situated cognition: Cognition in its social context. Advances in Experimental Social Psychology, 36, 53–117.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire