En 2005, j'avais rapidement lu le compte-rendu d'une étude canadienne montrant que les parents d'enfants peu attirants physiquement fixaient moins souvent la ceinture de sécurité des "caddies" de supermarché (au Canada, ces caddies sont bien équipés!) que les parents d'enfants "beaux". Faut-il en déduire (comme les auteurs) que lorsqu'on a des enfants laids (indicateur de "mauvais matériel génétique" apprend-on), on s'en occupe moins bien? Cette étude avait en fait été présentée dans un obscur colloque et, grâce au flair d'un journaliste, s'était malgré tout retrouvée dans les pages du New York Times. Sept ans plus tard, une recherche de la littérature suggère qu'elle n'a toujours pas été publiée dans une revue scientifique. Et pour cause... Cette relation entre le comportement des parents et les traits physiques des enfants ne prouve pas grand chose. Il est possible en effet qu'elle soit due à un facteur externe. Par exemple, le niveau socio-économique de la famille, le comportement des enfants (les enfants "beaux" sont peut-être plus calmes et donc doivent moins être sécurisés) voire l'attirance physique des parents eux-mêmes. Voilà qui est rassurant pour ceux qui ont foi en l'aveuglement total de l'amour parental.
D'autres études, plus contrôlées, montrent toutefois qu'effectivement, les parents ont tendance à se comporter de façon plus positive avec des enfants gâtés par la nature. Cela semble être le cas lorsque les rejetons sont encore des nourrissons. Ainsi, dans un article datant de 1995, Judith Langlois et ses collègues rapportent avoir observé des interactions mère-enfants (136 couples) dans une maternité. Ces auteurs ont évalué trois types de comportements:
- Interactions affectueuses (tenir l'enfant près de soi, lui parler affectueusement, le caresser)...
- Soins de routine (Changement des couches, Rots, bain, etc.)
- Attention aux autres (Regards et conversations avec autrui: infirmière, patient, visiteur...).
Les auteurs ont par ailleurs présenté des photos des nouveaux-nés concernés à des étudiants, qui ont évalué leur beauté physique. Il est à cet égard remarquable de constater un niveau d'accord fort élevé quant à ces jugements. La part de la subjectivité dans l'évaluation de la beauté des bébés semble donc limitée...
Langlois et ses collègues constatent que, lorsque les enfants sont "beaux", les comportements correspondant aux "interactions affectueuses" sont davantage présents et ceux correspondant aux soins quotidiens et à l'attention aux autres, moins présents que lorsque les enfants le sont "moins". En d'autres termes, lorsqu'un a un "beau bébé", nos interactions avec lui sont de nature plus affectueuses et moins centrée sur "pipi/caca/etc." et on tend à moins se laisser distraire par la présence d'autrui.
Evidemment, on pourrait reprocher à cette étude, comme à la précédente, d'être corrélationnelle: en d'autres termes, il est possible qu'une cause externe, confondue avec l'attirance physique du nouveau-né, explique les différences de comportement parental. Toutefois, certaines précautions prises par les auteurs militent à l'encontre de cette possibilité. D'une part, les auteurs constatent que l'attirance physique des mères n'est pas corrélée avec celle des enfants (ce n'est donc pas une variable confondue). D'autre part, ils constatent que les comportements des nouveaux-nés ne diffèrent pas en fonction de leur apparence physique. Le niveau socio-économique des mères est par ailleurs assez uniforme (et bas). Enfin, Langlois et al. ont réévalué les interactions mère-enfant lorsque les enfants étaient âgés de trois mois. A ce stade, l'attirance physique des bébés a été à nouveau jugée par des étudiants selon le même protocole. En effet, certains enfants sont devenus plus "beaux", d'autres "moins". Pourtant, à cet âge, non seulement l'effet de l'attirance du bébé sur le comportement parental subsiste mais il s'accentue. En outre, certaines des différences de comportement parental entre la première et la seconde observation sont corrélées avec les différences d'attirance physique entre les enfants observés aux deux moments. Ceci tend à suggérer que l'attirance physique joue bien un rôle dans le comportement parental (pour établir une relation de cause à effet, l'idéal serait de faire une étude randomisée mais voyez-vous, il est difficile d'un point de vue éthique d'attribuer aléatoirement un bébé à une maman...).
A quoi cet effet de l'apparence du bébé sur le comportement de la mère est-il dû? Une hypothèse proposée par l'éthologiste et Prix Nobel de Médecine Konrad Lonrenz suggère qu'il existerait un mécanisme inné déclenchant le soin aux enfants chez les mères de nouveaux nés. Ce mécanisme, le Kindenschema ("schéma enfantin"), serait déclenché par la forme du visage (joues bien rondes, large front, etc.). A l'appui de cette hypothèse, un groupe de chercheurs (Sprenglemeyer et al., 2009) a récemment mis en oeuvre une étude consistant à montrer des visages d'enfants variant légèrement selon ces indicateurs (comme dans l'exemple ci-dessous; le bébé de gauche étant le moins "mignon" et le bébé de droite le plus "mignon") à des sujets anglais. On présentait à chaque sujet deux photos du même bébé (par exemple la première et la troisième ci-dessous). Il fallait décider lequel était le plus "mignon".
Source: Sprenglemeyer et al., Psychological Science
Si vous êtes un homme ou que vous avez plus de 50 ans, il est probable que toutes ces photos vous paraissent identiques. En effet, on constate que la sensibilité aux différences de forme du visage dépend de certaines caractéristiques des sujets, dont leur sexe (les femmes sont plus sensibles et ce, surtout si elles ont moins de 50 ans). Ceci pourrait suggérer le rôle d'un mécanisme hormonal. Et effectivement, dans une seconde étude, les auteurs constatent qu'à âge constant (+/- 54 ans), les femmes non ménopausées détectent plus facilement ces nuances que les femmes ménopausées. Dans une étude 3, il en va de même pour celles qui ne prennent pas de pilules contraceptives (reposant sur l'administration d'hormones) par rapport à celles qui en prennent. Ces résultats militent donc en faveur de l'influence de facteurs biologiques.
Les différences de traitement parental en fonction de l'apparence physique semblent subsister jusqu'à l'âge de l'entrée à l'université. Une étude de Chris Crandall contrôlant plusieurs variables "parasites" montre ainsi que les étudiantes universitaires obèses sont moins susceptibles de recevoir une aide financière de leurs parents que leurs frères et soeurs de poids normal. On peut difficilement expliquer ces différences par des mécanismes hormonaux et il faut donc supposer que des processus d'ordre psychosocial (stéréotypes, préjugés) prennent le relais.
Plus globalement, une synthèse de la littérature sur le rôle de l'apparence physique dans les interactions sociales tire les conclusions suivantes:
1- Les critères de beauté physique semblent assez consensuels au sein de différentes cultures et d'une culture à l'autre.2 -Les personnes "belles" bénéficient effectivement, en moyenne, d'un traitement plus favorable dans les interactions sociales. On est plus chaleureux avec elles, on cherche davantage à les séduire, à les aider, etc.3- Les Adonis ont généralement des traits de personnalité plus désirables que les Quasimodo. "En moyenne, nous disent les auteurs de l'article, les enfants attirants sont plus populaires, et mieux adaptés socialement que les moins attirants." (p.402). Quant aux adultes attirants, ils ont un succès professionnel plus important, sont plus appréciés, ont eu plus de relations amoureuses, plus d'expériences sexuelles, une meilleure santé, sont plus extravertis, sont plus confiants en eux (...)" (p.402).
Ce type de résultat éveille des questions intéressantes sur la fameuse opposition entre les rôles respectifs des facteurs génétiques et environnementaux dans l'explication des différences psychologiques.
Il est évidemment aisé d'y voir une forme de prédiction créatrice. Si je crois que "ce qui est beau est bien", je traite bien les Adonis et mal les Quasimodos et ceux-ci en viennent à développer des traits de personnalités correspondant. On a donc là un embryon de théorie sociologique (ou environnementale) de l'influence de la beauté physique sur la personnalité.
Une étude célèbre de Mark Snyder, Elizabeth Tanke et Ellen Berscheid (1977) illustre ceci de façon fort frappante. Ces auteurs ont demandé à des étudiants (un homme et une femme), qui ne se connaissaient pas, de faire connaissance par téléphone. Les étudiants étaient dans des pièces différentes. L'homme, le percevant, recevait une prétendue photographie de la femme (qu'on appellera "la cible"). Cette photographie présentait soit une personne très attirante physiquement, soit très peu attirante. En réalité, les photographies étaient attribuées aléatoirement, indépendamment des caractéristiques physiques réelles de la cible. Guidés par les stéréotypes de la beauté physique, les percevants se comportaient de façon beaucoup plus avenante avec une personne qu’ils croyaient attirante que lorsqu’ils interagissaient avec une personne peu attirante. Les sujets conversaient pendant une dizaine de minutes. Répondant au comportement plus avenant du percevant, les cibles "attirantes" se comportaient de façon plus sympathique et sociable. Leur conversation était enregistrée sur deux canaux différents de telle sorte que les interventions de la cible pouvaient être présentées isolément à des juges indépendants, chargés d’évaluer la personnalité de la cible. Ces juges évaluaient la cible sur des traits de personnalité correspondant au stéréotype de la beauté physique selon lequel les personnes attirantes seraient plus intelligentes, enthousiastes, dignes de confiance, sympathiques, etc. Il est apparu que la cible était perçue par ces juges, qui ne connaissaient rien des attentes du percevant, comme se conformant davantage à ce stéréotype lorsque le percevant la croyait attrayante que lorsque ce n’était pas le cas. Voilà un bel argument en faveur de l'idée selon laquelle les croyances concernant la beauté physique produisent leur propre réalité. Ce stéréotype serait une pure construction sociale. La "prédicition créatrice" mise en évidence par Snyder et ses collègues serait une indication parmi d'autres que les traits de personnalité que nous possédons découlent de notre environnement social et non pas de nos caractéristiques génétiques.
Mais...une petite minute...ce qui rend un enfant "physiquement attirant" dépend en grande partie de facteurs génétiques (déterminant la forme et les traits du visage par exemple). Or, on voit que ces traits influencent le comportement des membres de l'entourage social d'un enfant (à commencer par les parents). A son tour, le comportement des parents pourrait exercer des influences sur les traits de personnalité de l'enfant. Si cette "chaîne causale" est correcte, il serait trompeur d'envisager des traits de personnalité comme une conséquence des pratiques familiales uniquement. Ces pratiques familiales sont elles-mêmes une réponse à des caractéristiques génétiquement déterminées (comme semblent le suggérer les résultats de Sprenglemeyer et al.).
On peut donc schématiser ceci de la façon suivante:
Il est évidemment aisé d'y voir une forme de prédiction créatrice. Si je crois que "ce qui est beau est bien", je traite bien les Adonis et mal les Quasimodos et ceux-ci en viennent à développer des traits de personnalités correspondant. On a donc là un embryon de théorie sociologique (ou environnementale) de l'influence de la beauté physique sur la personnalité.
Une étude célèbre de Mark Snyder, Elizabeth Tanke et Ellen Berscheid (1977) illustre ceci de façon fort frappante. Ces auteurs ont demandé à des étudiants (un homme et une femme), qui ne se connaissaient pas, de faire connaissance par téléphone. Les étudiants étaient dans des pièces différentes. L'homme, le percevant, recevait une prétendue photographie de la femme (qu'on appellera "la cible"). Cette photographie présentait soit une personne très attirante physiquement, soit très peu attirante. En réalité, les photographies étaient attribuées aléatoirement, indépendamment des caractéristiques physiques réelles de la cible. Guidés par les stéréotypes de la beauté physique, les percevants se comportaient de façon beaucoup plus avenante avec une personne qu’ils croyaient attirante que lorsqu’ils interagissaient avec une personne peu attirante. Les sujets conversaient pendant une dizaine de minutes. Répondant au comportement plus avenant du percevant, les cibles "attirantes" se comportaient de façon plus sympathique et sociable. Leur conversation était enregistrée sur deux canaux différents de telle sorte que les interventions de la cible pouvaient être présentées isolément à des juges indépendants, chargés d’évaluer la personnalité de la cible. Ces juges évaluaient la cible sur des traits de personnalité correspondant au stéréotype de la beauté physique selon lequel les personnes attirantes seraient plus intelligentes, enthousiastes, dignes de confiance, sympathiques, etc. Il est apparu que la cible était perçue par ces juges, qui ne connaissaient rien des attentes du percevant, comme se conformant davantage à ce stéréotype lorsque le percevant la croyait attrayante que lorsque ce n’était pas le cas. Voilà un bel argument en faveur de l'idée selon laquelle les croyances concernant la beauté physique produisent leur propre réalité. Ce stéréotype serait une pure construction sociale. La "prédicition créatrice" mise en évidence par Snyder et ses collègues serait une indication parmi d'autres que les traits de personnalité que nous possédons découlent de notre environnement social et non pas de nos caractéristiques génétiques.
Mais...une petite minute...ce qui rend un enfant "physiquement attirant" dépend en grande partie de facteurs génétiques (déterminant la forme et les traits du visage par exemple). Or, on voit que ces traits influencent le comportement des membres de l'entourage social d'un enfant (à commencer par les parents). A son tour, le comportement des parents pourrait exercer des influences sur les traits de personnalité de l'enfant. Si cette "chaîne causale" est correcte, il serait trompeur d'envisager des traits de personnalité comme une conséquence des pratiques familiales uniquement. Ces pratiques familiales sont elles-mêmes une réponse à des caractéristiques génétiquement déterminées (comme semblent le suggérer les résultats de Sprenglemeyer et al.).
On peut donc schématiser ceci de la façon suivante:
Caractéristiques génétiques -> Comportements parentaux -> Personnalité (par ex. estime de soi).
On parle de covariance génétique environnement de type "évocative" pour désigner l'existence d'une telle corrélation entre facteurs génétiques (comme ceux qui déterminent la forme du visage) et l'environnement (comme les comportements des parents).
Par ailleurs, si le stéréotype concernant la beauté physique est largement consensuel, cela signifie que son effet sera assez uniforme chez tout le monde. L'effet de la beauté physique sur les traits de personnalité sera donc assez direct, peu "pollué" par des divergences dans la façon dont l'environnement social réagit à cette beauté physique.
Au-delà de ce constat, on peut se demander plus précisément comment les différences génétiques déterminant la beauté physiques se traduiraient par des différences psychologiques? Récemment, Lukazewski et Roney ont proposé une hypothèse innovante quant à la relation entre beauté physique et l'extraversion, un trait de personnalité qui recouvre des caractéristiques telles que la sociabilité, l'expressivité et l'assertivité. Ces auteurs se basent sur l'hypothèse suivante: un comportement extraverti, impliquant de se diriger vers les autres, peut être source de bénéfices sociaux importants: statut social, développement de relations intimes, etc. Toutefois, il peut aussi s'avérer risqué: temps et ressources cognitives, exposition à des pathogènes (à travers les relations ainsi créées), risque de se faire exploiter par autrui, de voir sa réputation mise à mal (pourquoi le nom d'un ancien patron du FMI me vient-il à l'esprit?), etc. Par ailleurs, ces auteurs postulent que le rapport entre ces bénéfices et ces coûts dépend de la beauté physique: lorsqu'on est "beau", cela payerait davantage d'être extraverti. Lukazeski et Roney citent des études suggérant que la beauté physique aurait prédit des variables telles que la santé, la fécondité ou la résistance physique chez nos ancêtres. Les congénères des Appollons préhistoriques auraient donc davantage cherché à s'associer avec eux, voire à leur conférer du pouvoir et un statut élevé. Pour eux, contrairement à ceux qui sont moins gâtés par la nature, se montrer extraverti aurait permis de tirer ces fruits de leur beauté et donc de bénéficier d'un avantage en termes de survie et de transmission de leurs gènes (les psychologues évolutionnistes ont souvent de jolies histoires comme celle-ci à nous conter). Il en résulterait que les facteurs génétiques déterminant l'extraversion seraient corrélés avec ceux qui déterminent la beauté physique. A l'appui de cette hypothèse, Lukazeski et Roney révèlent que des caractéristiques génétiques spécifiques prédisent ces deux variables simultanément.
Remarquons que cette hypothèse n'est nullement incompatible avec une covariation génétique-environnement. En effet, il est possible que les comportements des parents ou des pairs encouragent ou découragent l'extraversion en fonction de la beauté physique de l'enfant. Ainsi, de nombreuses études montrent-elles qu'on tend à être plus sévère avec des enfants "beaux" que "laids" lorsqu'ils transgressent des normes (des transgressions qui impliquent souvent des comportements de type extraverti).
On parle de covariance génétique environnement de type "évocative" pour désigner l'existence d'une telle corrélation entre facteurs génétiques (comme ceux qui déterminent la forme du visage) et l'environnement (comme les comportements des parents).
Par ailleurs, si le stéréotype concernant la beauté physique est largement consensuel, cela signifie que son effet sera assez uniforme chez tout le monde. L'effet de la beauté physique sur les traits de personnalité sera donc assez direct, peu "pollué" par des divergences dans la façon dont l'environnement social réagit à cette beauté physique.
Au-delà de ce constat, on peut se demander plus précisément comment les différences génétiques déterminant la beauté physiques se traduiraient par des différences psychologiques? Récemment, Lukazewski et Roney ont proposé une hypothèse innovante quant à la relation entre beauté physique et l'extraversion, un trait de personnalité qui recouvre des caractéristiques telles que la sociabilité, l'expressivité et l'assertivité. Ces auteurs se basent sur l'hypothèse suivante: un comportement extraverti, impliquant de se diriger vers les autres, peut être source de bénéfices sociaux importants: statut social, développement de relations intimes, etc. Toutefois, il peut aussi s'avérer risqué: temps et ressources cognitives, exposition à des pathogènes (à travers les relations ainsi créées), risque de se faire exploiter par autrui, de voir sa réputation mise à mal (pourquoi le nom d'un ancien patron du FMI me vient-il à l'esprit?), etc. Par ailleurs, ces auteurs postulent que le rapport entre ces bénéfices et ces coûts dépend de la beauté physique: lorsqu'on est "beau", cela payerait davantage d'être extraverti. Lukazeski et Roney citent des études suggérant que la beauté physique aurait prédit des variables telles que la santé, la fécondité ou la résistance physique chez nos ancêtres. Les congénères des Appollons préhistoriques auraient donc davantage cherché à s'associer avec eux, voire à leur conférer du pouvoir et un statut élevé. Pour eux, contrairement à ceux qui sont moins gâtés par la nature, se montrer extraverti aurait permis de tirer ces fruits de leur beauté et donc de bénéficier d'un avantage en termes de survie et de transmission de leurs gènes (les psychologues évolutionnistes ont souvent de jolies histoires comme celle-ci à nous conter). Il en résulterait que les facteurs génétiques déterminant l'extraversion seraient corrélés avec ceux qui déterminent la beauté physique. A l'appui de cette hypothèse, Lukazeski et Roney révèlent que des caractéristiques génétiques spécifiques prédisent ces deux variables simultanément.
Remarquons que cette hypothèse n'est nullement incompatible avec une covariation génétique-environnement. En effet, il est possible que les comportements des parents ou des pairs encouragent ou découragent l'extraversion en fonction de la beauté physique de l'enfant. Ainsi, de nombreuses études montrent-elles qu'on tend à être plus sévère avec des enfants "beaux" que "laids" lorsqu'ils transgressent des normes (des transgressions qui impliquent souvent des comportements de type extraverti).
Ce type d'analyse montre combien l'étude des corrélats psychologiques de l'attirance physique est un sujet idéal pour aborder l'interface entre le biologique et le social.
Références
Langlois, J.H., et al. (2000), Maxims or myths of beauty? A meta-analytic and theoretical review. Psychological Bulletin, 126, 390-423.
Langlois, J.H., et al. (1995), Infant attractiveness predicts maternal behaviors and attitudes. Journal of Personality and Social Psychology, 31, p. 464-472.
Lukaszewski, A. & Roney, J.R. (2011). The Origins of Extraversion: Joint Effects of Facultative Calibration and Genetic Polymorphism. Personality and Social Psychology Bulletin, 37, 409-421.
Snyder, M., Tanke, E.D., & Berscheid, E., Social Perception and Interpersonal Behavior: On the self-fulfilling Nature of Social Stereotypes, Journal of Personality and Social Psychology, 35, 656-666
Sprengelmeyer, R., Perrett, D.I., Fagan, E.C., Cornwell, R.E., Lobmaier, J.S., (2009). The cutest little baby face: A hormonal link to sensitivity to cuteness in infant faces. Psychological Science, 20, 149–154.
2 commentaires:
Clair, précis,nuancé, un excellent article très instructif !Merci.Je transmets dans mon réseau
G. Van Simpsen
Merci!
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