© Chappatte, Der Spiegel
Lorsque j'ouvre le site de la RTBF ce jour, les 7 articles les plus populaires concernent le coronavirus. Il apparaît donc que ce fieffé microbe monopolise l'attention des internautes et plus généralement des consommateurs de médias (alors que, par exemple, les gardes-côtes grecs et des habitants de Lesbos sont en train de refouler des migrants fuyant la Turquie) ce qui ne peut qu'encourager ceux-ci à nous abreuver en nouvelles sur le COVID-19: en effet, la presse en ligne repose sur une "économie de l'attention" - les revenus publicitaires étant proportionnels au nombre de clics et au temps passé sur chaque page. C'est bien connu, l'incertitude nourrit l'angoisse et pour répondre à celle-ci, on cherche donc à s'informer. Les informations ne sont souvent pas des plus rassurantes ("7 nouveaux cas de coronavirus...", "chute des bourses...") et, au lieu d'apaiser les angoisses, elles les attisent. Par ailleurs, le simple fait que le coronavirus soit si présent dans les médias est un signal: si on en parle tant, c'est que ça doit être grave, se dit le lecteur/téléspectateur/auditeur et l'appétit d'informations s'en trouve agrandi! La peur et les médias se trouvent donc ici unis dans une sorte de symbiose qui leur permet chacun de se nourrir de leur partenaire. On sait que les réactions de panique, à travers des bousculades notamment, sont souvent plus meurtrières que ne l'est la cause de la panique elle-même (une rumeur, une odeur...). En l'occurrence, la médiatisation à tout va du coronavirus est susceptible d'attiser des comportements de panique collective potentiellement dangereux. Déjà entend-t-on que les stocks de masques (fort précieux pour les professionnel·les de santé en contact direct avec les patient·es) s'épuisent, que les personnes d'origine asiatique sont victimes de comportements à caractère raciste,... Echapper à cette spirale dangereuse n'est pas une mince affaire: si un rédacteur ou une rédactrice en chef décidait courageusement de limiter sa couverture du microbe, les internautes ne seraient-ils pas susceptibles d'aller consulter ses concurrents? La logique du marché de l'information (notamment étudiée par Gérald Bronner dans la Démocratie des crédules) s'avère ici particulièrement perverse...et ce d'autant plus qu'abondent des sources d'informations peu soucieuses des faits mais purement guidées par l'appât du clic.
PS: Merci à Patrick Chapatte de m'avoir autorisé à reproduire son dessin gratuitement.
J'adore ce blog !!!! J'ai parlé à mes étudiants de la chose en faisant référence à l'appel à la peur.
RépondreSupprimerMerci! Ravi que ça vous plaise. J'espère que ça les intéressera également.
RépondreSupprimerBonjour, je ne trouve pas simple de trouver le juste milieu entre l'information utile et nécessaire et l'excès d'information (menant il me semble à un climat que je qualifierais de malsain par rapport à la course médiatique qui se joue, sans parler des fake news). Outre l'alimentation d'un sentiment de peur liée à une sur-médiatisation, un lien pourrait-il être fait entre cette sur-médiatisation et le "détachement" de certains citoyens qui du coup se désintéressent du sujet (voir ne respectent pas les mesures mises en place) ?
RépondreSupprimerPsycomm
Supprimerje suis écœurée par la presse aujourd'hui. Je ferais bien une étude sur la corrélation entre la gravité des titres des articles qui circulent et leur pertinence et/ou la correspondance titre/contenu. C'est encore pire à la Télé: on vous noie le peu d'info pertinente que l'on a dans des hypothèses alarmistes, j'ai mal pour nos esprits. Il faut se faire une raison, globalement, l'homme développe très peu sa raison et est d'une lenteur effarante dans ce domaine. A quand des billets de psychologie sociale pour féliciter la bienveillance et l’intelligence des masses? Va falloir encore un peu de patience. Je me questionne sur les solutions qui s'offrent à nous? Se spécialiser dans un domaines et vulgariser le plus possible? Et qu'est ce qui stimule la quête de raison et de vérité? Le confort? Le bien-être? La douleur? La conscience? La lucidité? ça dépend peut-être de la couleur de la pilule qu'on a choisi ? Mais il parait que tant qu'on a pas fait le bon choix, on oublie et cette question se pose à l'infini.
RépondreSupprimerje me pose des centaines de questions, auxquelles j'ai des centaines de réponses, mais les réponses données par les médias ne correspondent pas à ma logique
RépondreSupprimerQuestions comme :
Quel est le véritable objectif de covid-19 ?
Quel est le but de covid-19 ?
Pourquoi parlons-nous de contenir le virus ?
Pourquoi parlons-nous de contenir la contagion ?
Pourquoi la quarantaine est-elle continuellement prolongée ?
Pourquoi le temps réel que nous passerons en confinement ne se dit pas ?
Ils veulent contenir la population ou la contagion ?
Des milliers de personnes meurent d'autres maladies chaque jour, alors pourquoi ne parlons-nous pas à ce sujet ?
Pourquoi un virus qui est éliminé avec la chaleur, de l'eau et savon n'a-t-il pas de vaccin ?
Il serait absurde même pour moi penser que c'est une manipulation, penser que le système cherche à réduire la population, c'est-à-dire le fardeau social, en tenant compte du fait que pour les assurances,ce serait qu’un avantage. Je ne veux pas être mal compris, mais chaque tête est un monde dans lequel chaque personne a son propre point de vue, sa propre perspective.
Nous savons déjà que les gouttes d'eau ne seront jamais les mêmes.
Bonjour monsieur,
RépondreSupprimervotre article est très intéressant et me pousse vers les questions suivantes :
Quelles sont les potentielles solutions pour endiguer ce phénomène et comment pourrait-on empêcher la propagation du complotisme qui peut découler de cette symbiose ?
Bonne journée !